Simone Lagrange

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Simone Lagrange
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Biographie
Naissance
Décès
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Simy KadoscheVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Simone Lagrange, née Simy Kadosche[1] le à Saint-Fons (Rhône) et morte le à La Tronche (près de Grenoble), est une déportée française de confession juive, témoin-clé lors du procès de Klaus Barbie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Simy Kadosche naît au sein d’une famille de confession juive originaire du Maroc. Ses parents, Rachel et Simon Kadosche, sont originaires de Mogador. Ils ont rejoint la France dans les années 1920. Le couple a cinq enfants. Simon travaille dans la chimie à Vénissieux.

Résistance familiale[modifier | modifier le code]

Pendant l’Occupation, Simone Kadosche diffuse des tracts de la Résistance[2]. Ses parents hébergent des réfugiés de l'exode de 40 venus de zone occupée. Notamment Jeanne Bunoz impliquée dans leur arrestation.

Arrestation et internement[modifier | modifier le code]

Dénoncés comme juifs par une personne que la famille hébergeait, les Kadosche sont arrêtés le avec leur fille et embarqués au siège de la Gestapo, place Bellecour, puis incarcérés à la prison Montluc. Simy est torturée durant plusieurs jours par Klaus Barbie pour savoir où sont cachés ses jeunes frères et sœurs, informations que ni elle, ni ses parents n'ont[3].

Elle raconte cet épisode au procès Barbie :

« Barbie voulait l'adresse des enfants. À 9 heures, il m’a emmenée dans sa voiture à la Gestapo. J’y suis restée toute la journée, il arrivait avec son sourire mince comme une lame de couteau. Cela a duré sept jours, coups de pied, coups de poing sur les plaies mal refermées de la veille. Le premier soir, il m’a ramenée lui-même à Montluc, j’étais comme un pansement sanguinolent. Il m’a jetée dans les bras de ma mère en lui disant : ”Voilà ce que tu as fait de ta fille.” Après une semaine, il m’a mise dans une autre cellule, pendant quinze jours. Ma mère a cru que j’avais été tuée[4],[5]. »

Déportation[modifier | modifier le code]

Transférée à Drancy le avec sa mère, elles sont déportées au camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau par le convoi 76 le . Simon Kadosche sera déporté avec ses deux neveux âgés de 5 et 7 ans par le convoi 78 qui quitte Lyon le . Rachel est gazée dès le .

Le , Simy entame une marche de la mort en direction de Ravensbrück. Alors qu'elle croise une colonne de prisonniers en partance également, Elle y reconnaît son père, Simon. Lors du procès de Klaus Barbie elle raconte en pleurs : "Je lui ai fait signe, il m'a vu et m'a fait signe de la main. Un officier SS s'approche et me demande si c'est mon père. J'ai répondu...oui. Le SS a dit à mon père de venir m'embrasser et alors qu'on se retrouvait, on l'a agenouillé devant moi et le SS l'abattit d'une balle dans la nuque. J'étais pétrifiée[6].

Libération et après-guerre[modifier | modifier le code]

Simone est rapatriée en France le , et retrouve son jeune frère et sa jeune sœur qui avaient été cachés dans une institution religieuse[7].

Membre du comité du Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble à partir de 1980, Simone Lagrange témoigne en 1987 lors du procès Barbie devant la Cour d’assises de Lyon[8]. Elle est présidente de l’Amicale des déportés d'Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie[9]. Elle a également participé à la création du Mémorial des enfants d’Izieu[10].

Toute sa vie, Simone Lagrange témoigna sur la Shoah, « contre le racisme, l'antisémitisme et l'oubli »[11], dans les établissements scolaires de sa région. Elle publie un livre en 1997 "Coupable d'être née". Le documentaire témoignage sur son histoire "Moi, petite fille de 13 ans" sort en 2011. Elle est morte le à La Tronche, entourée de sa famille, à l’âge de 85 ans[12]. Elle est inhumée au cimetière intercommunal de Poisat[11].

Hommages[modifier | modifier le code]

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Vidéogramme[modifier | modifier le code]

  • L’anniversaire de l’évacuation du camp d’Auschwitz, 2 min 39 s, INA, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Carnet », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Gérard Darcueil et Denis Cugnod, « Entretien avec Simone Lagrange», USC Shoah Foundation, Institut français de l’éducation, 14 octobre 1995.
  3. Moi, petite fille de 13 ans, Elisabeth Coronel, Florence Gaillard, 2011, documentaire
  4. « Procès de Klaus Barbie, Lyon 1987 », enregistrement audiovisuel et transcriptions des audiences. Archives nationales, Paris BB301891–1987.
  5. Jean-Baptiste Harang, « Simone Lagrange, déportée à 13 ans à Auschwitz », Libération, 25 mai 1987
  6. Pascal Ory, Voyage dans la France occupée, octobre 2014, Place des éditeurs, 279 p.
  7. AFP, « Décès de Simone Lagrange, la femme qui a témoigné contre Barbie », Le Point, 17 février 2016.
  8. « Décès de Simone Lagrange, survivante d'Aushwitz et témoin-clé dans le procès Barbie », Le Figaro, 17 février 2016
  9. Ève Moulinier, « Le discours choc de Simone Lagrange, survivante d’Auschwitz », Le Dauphiné, 30 janvier 2012.
  10. a et b « Une femme libre | Gre.mag, le webzine de la Ville de Grenoble », sur www.gre-mag.fr (consulté le )
  11. a et b Xavier Schmidt et Frédéric Pasquette, « “Éloge de la femme vaillante ” , aux obsèques de Simone Lagrange, survivante d’Auschwitz et témoin du procès Barbie », francetvinfo.fr, 19 février 2016,
  12. Xavier Demagny, « Simone Lagrange, déportée, victime de Klaus Barbie, est décédée à l’âge de 85 ans », France bleue, 17 février 2016.
  13. Prix décerné conjointement par le CRIF Grenoble Dauphiné et la ville de Grenoble.
  14. Présentation sur le site de actuabd.com : Simone (Tome 1).
  15. Film-documentaire.fr, « Moi, petite fille de treize ans - Simone Lagrange témoigne d'Auschwitz », sur www.film-documentaire.fr (consulté le )
  16. « Simone Lagrange (1930-2016) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  17. Simone Lagrange, « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]